9 nov. 2010

Article Le Monde 8 novembre 2010



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Coups d'éclat à la première conférence internationale sur le Darfour

De notre envoyé spécial (Lyon).

« La Chine pense que l'Afrique est entrée dans l'Histoire ». C'est par ces termes que M. Hu Jintao, Président de la Chine (pays organisateur), a introduit la conférence. Des termes – forts – qui sonnent comme une pique envers son homologue français M. Sarkozy (dont le pays accueille le sommet) qui déclarait, en juillet 2007 à Dakar, que « l'Homme africain n'était pas entré dans l'Histoire ». Une première conférence parsemée de coups d'éclat entre le statut des rebelles, le retour d'Al-Qaeda et le désaveu de l'Union européenne.
Le premier ordre du jour était consacré à la participation des groupes rebelles ANR et UFR/UFDD aux discussions. Moment de flottement et entrée fracassante du représentant américain : « Nous demandons à ce que l'ANR sorte immédiatement de la salle ! […] Malgré ses efforts, il ne faut pas oublier qu'elle a refusé initialement de participer à la conférence ». Et la République centrafricaine d'en parler comme d'un « groupe terroriste ». Malgré les appels au calme, notamment de la Russie et du Soudan invitant à ce que les deux parties restent à la table des négociations, la Chine a prié l'ANR et l'UFR/UFDD de quitter la conférence.

L'intervention d'Al-Qaeda au Maghreb islamique ?


L'Union européenne mise au placard


À l'initiative des Américains, un débat s'est ensuite engagé sur l'utilité et la quantité d'un déploiement de casques bleus sur place pour assurer le couloir humanitaire face aux derniers enlèvements. La France s'est dite prête à envoyer 2.000 hommes sur place ; les États-Unis, 6.000 ; et la Chine, 2.500. Après un caucus non-modéré de vingt minutes demandé par le Tchad et la Russie, c'est finalement la proposition de l'Union africaine d'un contingent d'hommes sous son commandement qui a été retenue à cinq voix pour et deux abstentions (américaine et française). La résolution sera rédigée par la Chine.
Durant les trois heures du sommet, un acteur a été sommé de se taire, n'ayant à peine la possibilité de se prononcer sur ce dernier point : l'Union européenne. Au total, trois interventions lui ont été accordées (dont une utilisée pour remettre en question l'ordre du jour) au bout desquelles ses représentants n'ont pu que « constater la remise en question de [leur] participation ». Le mépris ainsi affiché par la Chine à l'égard de cet acteur majeur pourrait peser dans la suite des débats.
Après une heure de débats, une nouvelle fait sensation : par le biais d'un membre d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), Oussama Ben Laden a annoncé le kidnapping de dix personnes sur le territoire américain et l'exécution de cinq otages français. Il a, par ailleurs, prévenu les puissances occidentales et le Tchad de l'exécution des otages encore en vie et d'un « déluge de feu » sur leurs territoires s'ils ne réintègraient pas dans l'heure les rebelles. Quelques instants plus tard, le Mossad, les services secrets israéliens, démentait l'origine de telles menaces et les attribuait à un groupuscule palestinien. Une affirmation qui laisse perplexe quant aux intérêts que des Palestiniens auraient de s'immiscer dans un conflit qui n'est pas le leur.
Dans tous les cas, impossible de savoir si cette menace a vraiment pesé sur les débats. S'alliant aux propos du Soudan, de la Russie, des États-Unis et du Tchad, le Président chinois a condamné « fermement les propos d'Al-Qaeda [et a demandé] à ce que la conférence reprenne ». Une reprise marquée par la réintégration à l'unanimité des rebelles, comme le demandaient les revendications.

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