7 nov. 2010

Article USA Today - 7 novembre 2010

Le 7 novembre 2010

Conflit Soudano-Tchadien : Etats-Unis et Chine, les deux premièrespuissances économiques dans la même optique



La Manufacture Des Tabacs où se tiendra la conférence de Lyon.
Lyon – Alors que la conférence pour la paix dans la région Soudano-Tchadienne s'ouvre demain à Lyon, voici les interviews conjointes du Premier ministre chinois et de l'émissaire particulier de Barack Obama au Soudan. Les analogies entre les questions permettent de mettre en avant les convergences et les divergences des deux États face à la crise actuelle.

Wen Jiabao

Interview de M. Wen Jiabao, Premier ministre chinois.

Votre axe stratégique pour le règlement de la crise.

« Nous ferions un bien piètre médiateur si nous arrivions à la table des négociations armés de préjugés intangibles. Notre seul axe stratégique est la négociation. C’est par le dialogue, la bonne volonté de chacun, et parfois même les sacrifices, que nous arriverons à régler cette crise. Nous sommes d'ailleurs heureux de constater que tout le monde ait répondu à l’appel : le fait que les rebelles Tchadiens et les Rebelles Soudanais soient présents à Lyon pour l’ouverture du sommet est un facteur crucial dans l'optique du règlement pacifique du conflit. »

Quels pays privilégier pour la coopération ?

« Les acteurs régionaux seront bien entendu au centre desnégociations. Les Etats restent les éléments centraux du système international, mais la Chine s’est engagée auprèsdes différents groupes rebelles à ce que leurs revendications soient entendues par l’octroi d’un temps de parole. »

Le Recours à la Force Armée est-il une éventualité ?

« Non, en aucun cas ! »

Comment concilier vos intérêts en Afrique et notamment au Soudan avec votre rôle de médiateur ?

« Depuis plus de vingt ans la Chine n'a jamais interféré dans les affaires des Etats, respectant ainsi ses engagements envers ses partenaires économiques. Nous ne sommes pas là pour faire de l’ingérence, mais pour nous assurer de la bonne tenue des pourparlers »

La Chine nouveau gendarme du monde ou équilibrage des puissances dans un monde multipolaire?

« Nous souhaitons, par la gestion de ce sommet, en finir avec les anciennes pratiques impérialistes. Dans un contexte d’interdépendance et de mondialisation, chaque Etat doit saisir la nécessité d’une gestion collective et solidaire des nouveaux défis qui se présentent à nous. »

Quelle place donner à l’Union africaine ? Faut-il donner à l’Afrique les moyens de sauver l’Afrique ?

« Ne nous mentons pas. Il ne s’agit pas pour la communauté internationale de régler le conflit à la place des Africains. Nous devons les inclure pleinement dans nos pourparlers, ils en seront même les principaux acteurs. La Chine ne prône pas l’ingérence politique, de ce fait, nous tâcherons par les différents accords noués au cours de ce sommet, de donner les clefs du continent à l’Union Africaine. »



Scoot Gration

Interview de Scott Gration, émissaire particulier du Président Barack Obama au Soudan.

Votre axe stratégique pour le règlement de la crise?

 « Afin de défendre les droits de l’Homme et les libertés fondamentales, nous devons nous diriger vers une solution diplomatique. Nous devons absolument réussir à régler pacifiquement le conflit avec l’aide des organisations humanitaires, afin d’éviter toute escalade de la violence. »

Quels pays privilégier pour la coopération ?
« Nous avons bien sûr des préférences historiques naturelles, mais nous devons négocier avec chaque Etat, pour obtenir une ligne de conduite commune, selon le même axe idéologique. »

Le recours à la force armée est-il une éventualité ?

« Si un acteur refuse la négociation, le recours à la force armée peut effectivement être envisagé. Mais il ne sera utilisé qu’en dernier recours, après épuisement des voies de résolution diplomatiques. »

Vous n’avez pas peur de vous mettre à dos l’opinion publique américaine ?

« La décision du recours à la force armée ne pourra pas être unilatérale. Cette décision sera prise dans le cadre des Organisations Internationales telles que l’ONU. »

Etes-vous satisfait du rôle de médiateur de la Chine, ne s'agit-il pas d'un transfert de compétence ?

« Étant initiateur de ce projet, nous pensons qu’il s’agit d’une bonne chose, vu le rôle croissant de la Chine dans les relations internationales. Nous sommes derrière elle, et lui donnons notre entière confiance. L'ensemble de la société étant acteur, il ne s'agit pas d'un transfert de compétence. »

Est-ce le symbole d’un rééquilibrage des puissances ?

« On ne peut plus parler de monde unipolaire. La puissance diplomatique est réelle. Le fait que nous collaborons présente l’objectif commun des différentes puissances. »

Est-ce l’avènement de la Chine comme 1ère force mondiale ou l’émergence d’une gouvernance mondiale à même d’étouffer des crises comme celle du Darfour ?

« Il s'agit clairement d'une réunion des volontés étatiques, avec les principales puissances mondiales qui unissent leurs forces dans un objectif de gouvernance pacifique. »

Quelle place donner à l'Union Africaine dans cette crise ?

« Nous apportons notre soutien à l'Union Africaine et souhaitons que la question de son possible vote soit mise à l'ordre du jour lors de la première conférence de lyon. »

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