LeMonde.fr // simulation de crise 2010
3 questions à... M. Wen Jiabao, Premier ministre chinois
« Ne réitérons pas les erreurs du passé ! »
L'Université Jean Moulin-Lyon 3 où se déroulera la conférence internationale de ce lundi. Crédits photo : DR |
Face aux récents événements survenus à la frontière soudano-tchadienne, la communauté internationale et les différents acteurs non-étatiques impliqués se sont accordés pour se réunir hebdomadairement afin de résoudre ce conflit. Et c'est finalement la ville de Lyon, à travers sa Manufacture des tabacs (actuellement l'Université Jean Moulin-Lyon 3), qui accueillera la conférence internationale organisée par la Chine. À quelques heures de l'ouverture de ce sommet, le Premier ministre chinois, M. Wen Jiabao, nous a accordé sa première interview et nous présente les grandes lignes qui seront abordées demain.
LeMonde.fr : Quel est l'objectif de la conférence que vous organisez lundi et pourquoi avoir choisi la Manufacture des Tabacs ?
M. Wen Jiabao : Concernant le lieu, c'est M. Sarkozy qui nous a proposé ces locaux magnifiques que nous avons acceptés avec enthousiasme. Cette conférence a été créée pour réaffirmer la volonté de la communauté internationale de régler à l'échelle internationale ce conflit car elle n'est pas étrangère à ce qui se passe en Afrique. Des gens souffrent et meurent et c'est notre devoir de responsables politiques. Notre objectif est d'aboutir à un traité de paix juste et équilibré. Mais le but de la conférence ne sera pas que cela, il faudra aussi garantir et donner les moyens de préserver cette paix. Ne réitérons pas les erreurs du passé !
J'espère que cette conférence, en accord avec la Chine et les Nations-Unies, permettra de trouver les moyens politiques, financiers et, si nécessaire, militaires sans pour autant parler d'ingérence. Ces derniers ne seront d'ailleurs engagés qu'en accord avec les pays parties. À terme, il faudrait, soit donner les moyens au Soudan et au Tchad pour assurer leur propre sécurité, mais cela a peut-être été notre erreur jusqu'à présent, soit, en cas de nécessité, y faire intervenir l'armée. Mais, si on règle tous les problèmes réels du peuple tchadien et du sud-soudan, j'espère que nous n'arriverons jamais à cette intervention.
Quelles sont les « erreurs du passé » que vous évoquez ?Le Conseil de sécurité, dont fait partie la Chine, a déjà pris pas mal de résolutions, dont une concernant une force de soutien. Il existe aussi de nombreux rapports avec l'Union africaine. Si tout cela a échoué, c'est principalement à cause d'un manque d'implication. Mais, aujourd'hui, nous avons le temps désormais de pouvoir peser le pour et le contre.
Quels sont les invités et comment va se dérouler la conférence ?L'ANR a accepté et l'UFR/UFDD devrait en faire de même dans la soirée* (l'UFR/UFDD a depuis annoncé sa participation commune avec l'ANR, NDLR). Les participations et le droit de parole de ces deux groupes, en refusant au départ notre invitation, seront donc soumis au vote. La conférence démarrera par un discours solennel d'introduction. Puis la parole sera donnée aux deux gouvernements concernés et l'Union africaine devrait être l'un des premiers acteurs à réagir ensuite.
Parmi les différents sujets abordés, il devrait y avoir les modalités de vote, la question du principe humanitaire, c'est-à-dire comment synchroniser et gérer les différentes aides, et le problème des immigrés. Pour cette première réunion, je ne pense pas que nous aurons le temps de débattre de la question du Sud-soudan.
(*interview réalisée le jeudi 4 novembre 2010)
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